LES DERNIÈRES LECTURES DU RAT
Les pépites de lecture ou de re-lecture, les trouvailles chez les libraires.
Jack London Les enfants du froid
Beaucoup de fans de London ont lu ses classiques et un certains nombres de receuil de nouvelles. Mais avez vous lu celui ci ? En 1902, London a fait un séjour dans le Nord dans le Klondike, proche de l'Alaska et en a rapporté 10 petits textes qui sont tous, formidables, impitoyables. La nouvelle intitulée La loi de la vie se hisse aisément au niveau de ses nouvelles les plus fameuses comme Contruire un feu.
Lrkl
Voici l'avis de Clara Dupont Monot
Barbara Kinslover
Des vies à découvert

Barbara Kingslover, fait partie des grands, elle écrit des livres magnifiques sur les américains qi se retrouvent à la marge de la société, elle analyse et détaille tous les traits de cette Amérique désenchantée qui essaie de survivre. C’est une biologiste de formation, et la nature est toujours un des personnages de ses récits. Elle est également militante pacifiste et anti capitaliste.
Ses deux premiers romans L’arbre aux haricots et la suite, Les cochons au paradis 1996, sont vraiment des grands moments de lecture. Elle a écrit 11 romans, Dans la lumière 2013, était la quintessence de son œuvre, jusqu’à la publication de son dernier Des vies à découvert 2020.
Dans ce roman, elle arrive faire la jonction entre la nature qui est un thème récurent dans toutes ses œuvres, la description des classes moyennes et populaires américaine martyrisées par ce qu’est devenu la vie aux Etats unis.
La plupart des grands écrivains américains s’appuient sur toute la littérature américaine et parfois anglaise, beaucoup sont des universitaires, et lire leur roman est lire une page de la littérature américaine, car l’histoire est l’élément de base de cette littérature.
C’est qu’a fait l’auteur, elle a mis en forme deux récits d’américains moyens qui vivent dans la même maison l’un au 19 eme siècle l’autre pendant l ‘ascension de Trump. Et met en parallèle l’arrogance des anti Darwiniens en 1880 et celle des Pro Trump adeptes de toujours plus de consommation.
Comment ne pas adorer les personnages principaux, un prof de biologie, une naturaliste, Antigone une jeune écologiste que tout le monde appelle Tig, sa mère qui se bat pour sauver son foyer. Ce livre c’est que du bonheur.
Lrkl
Joseph Conrad
Nostromo

Quel cretin ce rat, quel idiot ! Il croyait avoir fait le tour de Joseph Conrad (comme si c’était possible), tout cela parce qu’il a lu Lord Jim, Le négre du Narcisse, Au cœur des ténèbres et L’agent secret, sans lire Nostromo. Oui vous avez bien lu, il n’avait pas lu Nostromo et il la ramène sur Joseph Conrad.
Alors que Nostromo est l’oeuvre la plus ambitieuse et certainement la plus importante de Conrad.
Imaginez un long roman ou vous avez à la fois Gabriel Garcia Marquez et J.L Stevenson, Corto Maltese et Jean Valjean. Un trésor enfoui, et des bateaux vapeurs qui glissent sur l’eau dans des nuits noires, il y a des intellectuels libéraux et des généraux fantoches, des femmes mystérieuses et des révolutionnaires sanguinaires, il y a surtout le fameux le respecté, le redouté Capataz des Cardagores, Nostromo le fidèle parmi les fidèles.
Et tout cela a pour cadre le Costaguana, une république d'Amérique latine crée de toute pièce par Conrad, avec ses coups d'État, ses guerres civiles, qui passent dans le ciel comme des dépressions, ses luttes pour la démocratie, contre l'impérialisme américain. Chaque décor et chaque action est porté par la formidable écriture de cet ex marin devenu écrivain à la toute fin du 19 éme siècle.
A propos de Joseph Conrad. Toute son œuvre porte la marque de tensions non résolues. Ainsi, son idéalisme généreux, qui le pousse à défendre les opprimés, est tempéré par un conservatisme politique sans illusions sur toute possibilité de progrès. Son attachement à l'ordre et aux institutions se double d'une fascination pour la figure du paria. Ses héros, bien que liés par un contrat moral de solidarité, ne découvrent au bout de leur chemin qu'une solitude absolue. Même son art de romancier a cet aspect bifide : tout en suscitant, par la magie de la voix et du récit, l'illusion romanesque et la fuite dans un ailleurs, il se rapproche des expérimentations modernistes par sa technique de dislocation chronologique et de montage de points de vue. (andré Topia)
Suzan Fletcher
Un bucher sous la neige
Suzan Fletcher a du talent son écriture est inventive, ses deux premiers romans, ssont ouvent agréables à lire, et ont eu un bel accueil. Puis elle s'est misre en tête d'écrire cette chose bizarre..
Le monologue de 400 pages, d'une sorcière du 13 ème siécle, dans son cachot !!!
Je présente ce livre de cette matière car je ne voudrais pas qu'il arrive en toutes les mains. Mais celles et ceux qui voudront bien s'y plonger, et s'y accrocher un peu, vont avoir le bonheur de sortir de ce cachot et de découvrir la nature formidable des Highlands avec l'oeil d'un des plus beaux personnages feminins de la littérature.
LRK 05/03/20

Jonathan Safran Foer
Extrêment fort et incroyablement près
Le sujet : Aprés la mort de son père dans les attentas du 11 septembre, Oskar essaie de résoudre le mystère de sa disparition .
Débuter la lecture de ce livre, c'est partir pour un voyage dont au départ, on n'imagine pas l'intensité. D'emblée, c'est le bonheur, il ya du Dickens, du Boulgakhof, et même du Carlos Ruiz Zafon. On a tous 8 ans, le petit garçon qui est en nous est revenu, il fait partie intégrante des personnages qui sont d'ailleurs admirables (c'est à dire que l'ont peut admirer). Noyé au milieu des adultes et des tours de Manhattan, on parcours les 5 districts de New York, tantôt émerveillé, tantôt paniqué. Ce conte, car s'en est un , ce conte magnifique, progressivement nous interroge qu'est ce qu'une famille ? Qu'est ce qu'un père ? Quel grand père ou quelle grand mère suis je ou serais je un jour ? La lecture est comme un rêve éveillé, une sensation d'apesanteur, puis, l'émotion se renforce, la détresse qui se dégage de cet enfant effrayé est bouleversante. Son hyperactivité mentale et physique est le seul moyen qu'il ait de repousser ce qui ne peut pas être.
Les pages, étonnantes, éblouissantes, tellement humaines, se succèdent, et j'arrive rapidement , trop rapidement vers la fin. La tristesse de devoir quitter Oskar est mêlée à la tristesse, je devrais dire l'opression que son sort m'inspire.
Je feuillette lentement les dernières pages, je regarde cet homme tomber, et je comprends que ce jour là, et les jours semblables, on a tous perdu quelq'un.
Voilà, j'ai refermé le livre, et je suis complétement ratiboisé, j'ai pleuré 10 fois penant la lecture. Je ne me souviens même pas avoir pleuré sur un autre livre, probablement oui, et même plusieurs fois, mais là, je suis chamboulé rattatiné, émiétté.
Qu'est ce qui s'est passé ? Mais qu'est ce qui s'est passé ? Ce qui est certain c'est que c'était à l'interieur de moi, et que c'était extrêmement fort et incroyablement proche.
LRK. 14/12/19
John Williams
STONER

Les écrivains américains (je veux dire nord est américains) on ceci de diffèrent que
ce sont très souvent des universitaires. Ils on étudié la littérature, connaissent tous
les textes classiques, les ont enseigné, et ont écrit quelques romans denses et
volumineux qui prennent en compte toute l’histoire de la littérature Anglo
américaine, car ils sont conscient d’en être les héritiers. *
..Il y a une dizaine d’années, lors d’une soirée avec des amis rats compétents, j’ai posé,
en fin de repas, la grande question. Quel livre recommanderiez vous s’il n’en fallait
qu’un ? Grand silence, puis, un des convives a prononcé un mot étrange. Stoner.
Puis, les autres convives ont hoché la tête, quelqu’un a ajouté, en hochant la tête
« Stoner, c’est bien ».
Cela m'a permis de découvrir un sacré bouquin.
Ce livre a une histoire. Publié en 1965 Stoner de John Williams, est rapidement
tombé dans l’oubli, jusqu’à ce que Colum Mac Cann (Danseur, La rivière de l’exil)
tombe sur ce livre, et en achète 50 exemplaires pour les offrir à ses amis. Ce qui
permit au roman de démarrer une deuxième carrière, beaucoup plus tard, Anna
Gavalda découvre l’existence de ce livre, décide de le traduire, et persuade son
éditeur d’en acheter les droits, en 2011.
Stoner est un roman hyper classique, Flaubert n’est pas loin, comme au 19ème
siècle, on y suit la vie d’un homme de la naissance à la mort. on reste hors du
temps, hors du rythme, on y flotte en état monacal, tiré de pages en pages par la
justesse de sa tonalité. Mais c’est aussi un roman d’amour pour les livres, on vit le
parcours d’un looser magnifique, brulé par une passion, celle de la littérature. Les
seules luttes que mène Stoner sont celles de la littérature, il va céder sur tout le
reste . Il y à du Dickens dans ce héros mal loti qui subit toutes les perfidies d’un monde
mesquin. A la fin de sa vie, une question lehante : « parce que j’ai aimé lire plus que tout,
j’ai déçu mes parents, perdu mes amis, abîmé ma famille, renoncé à ma carrière, et
eu peu de bonheur, ais je raté ma vie ? » On pourrait répondre oui, mais Stoner
est tellement emprunt d’humanité que l’on ne peut qu’approouver ses choix malheureux.
Gavalda décrit le livre ainsi « c’est un roman qui ne s’adresse pas aux gens qui
aiment lire, mais aux êtres humains qui ont besoin de lire ».

A propos de Gide et de la redécouverte
des
Faux monnayeurs.
Le vieux rat pensait avoir lu Gide, ou plus exactement il pensait, avec la suffisance qui le caractérise, avoir lu suffisamment des ses livres et en avoir fait le tour. Il gardait de ces lectures un sentiment mitigé des textes et du personnage.Un ami lui a mis dans la main le Journal des faux monnayeurs, et la lecture de ce petit carnet lui a donné envie de relire le roman.
Les Faux monnayeurs est un roman gigogne, un roman dans le roman, on dit paraît il, un roman en abyme. Mais c’est aussi pour le lecteur une immersion dans la fabrication d’un roman, au fur et à mesure des pages il va pouvoir vivre la naissance d’un roman.
Accrochez vous.. Gide a publié le roman en 1925, et deux ans plus tard un carnet de note sous le titre Le Journal des faux monnayeurs.
Dans le roman, Edouard, personnage principal, écrivain connu, essaie d’écrire un roman parfait dont le titre est Les faux monnayeurs, et il se ballade avec un petit carnet dans lequel il note des éléments de ce futur roman. Certains des éléments de ce carnet sont une part importante du texte du roman publié.
Mais cela va plus loin, non seulement le roman que l’on entrevoit à la lecture des carnets d’Edouard ressemble furieusement à celui que l’on a entre les mains (le fameux roman en abyme), mais Edouard (donc le double de Gide) critique à tout moment, dans son carnet les personnages qui l’entourent et suggère des modifications au récit dont il fait partie.
L’apothéose, survient au chapitre VII quand André Gide lui même s’adresse au lecteur pour lui expliquer que décidément les personnages de ce roman lui échappent et qu’il n’est pas satisfait de leur évolution. C’est à dire qu’il se met lui même, Gide, en situation d’exister à l’intérieur de son roman.
La fin du roman peut sembler navrante, Edouard (Gide) nous explique qu’il compte bien écrire une autre fin au roman Les Faux monnayeurs, alors qu’il est déjà publié.
Le deuxième point qui rend ce roman unique est le paradoxe entre la modernité de la construction et le classicisme de la langue et des personnages.
Si on est chez Paul Auster pour la construction, on est plutôt chez La Princesse de Cléves pour la langue, et chez Stendhal pour les personnages et même chez Bach pour le tempo.
Les personnages féminins sont d’une beauté tragique qui rappelle les héroïnes de la littérature du 17ème siècle et sont surtout soutenus par la beauté de la langue
Laura : En vous disant adieu je tacherai de ne pas trop regretter la vie, mais je crois que vous n’avez jamais très bien compris que l’amitié que vous eûtes pour moi reste ce que j’aurai connu de meilleur- pas bien compris que ce que j’appelais mon amitié pour vous portait un autre nom dans mon cœur.
Les personnages masculins sont plus Stendahliens que Balzaciens
Bernard : oh si je n’aimais de vous que l’aspect. Et puis je ne suis pas malade ; ou si c’est être malade que de vous aimer, je préfère ne pas guérir.
Et tout ce classicisme, est contrebalancé par un style littéraire absolument moderne.
On est fasciné par le ballet des personnages, une vingtaine environ qui vont et viennent, s’entrechoquent comme les boules d’un billard et rebondissent les unes contre les autres, dans un mouvement permanent, quasi cinématographique. On survole Paris avec des mouvements de travelling, plongée contre-plongée. Ici on suit Olivier qui se rend à la gare, ou il rencontre Edouard. Ils ratent Robert qui voulait voir Olivier et ce mouvement est permanent. D’ailleurs l’une des clefs pour comprendre le tempo de ce roman est peut être la musique. A deux reprises Gide fait référence à L’art de la fugue.
Et c’est vrai, le génie de Bach va parfaitement avec les changements de rythme des pages.
Edouard (Gide) compare son écriture au ruissellement de l’eau d’une rivière « je la veux, laisser couler selon sa pente, tantôt rapide et tantôt lente, en des lacis que je me refuse à prévoir ».
Pour mieux comprendre la fin tronquée il faut se reporter au journal de Gide P 93, qui explique que ce roman « s’achèvera brusquement, non point par épuisement du sujet, qui doit donner l’impression de l’inépuisable, mais au contraire, par son élargissement, et par une sorte d’évasion de son contour. Il ne doit pas se boucler, mais s’éparpiller, se défaire … »
Il reste à situer ce roman souvent considéré comme parfait, et qui, pionnier du nouveau roman, a été, un temps le symbole de la jeunesse, Un siècle après, il n’a gardé de moderne que sa construction révolutionnaire. Les personnages si beaux soient ils semblent maintenant englués dans l’histoire de la littérature. Ils ne sont plus modernes mais ils restent si beaux.
LRK